Concrétisation d’une dynamique communautaire
(Selon un document établi par Robert Elchinger et daté d’avril 2003)
Naissance d’un projet
La chapelle que le Vincentianum, Socinstrasse 42 à Bâle, mit à disposition des nombreux catholiques français et francophones de Bâle à partir du 26 avril 1936 fut l’aboutissement d’efforts intenses déployés non seulement par leur aumônier, l’abbé Gaston BOILLAT, mais aussi par quelques paroissiens qui, au travers de l’Association Jeanne d’Arc, s’étaient engagés à réaliser un lieu de culte propre à cette communauté.
Avec ses 120 places assises la chapelle se révéla bien vite trop étroite pour accueillir tous les fidèles, ce qui décida l’Association à ouvrir dès 1936 un fonds pour la construction d’une chapelle de 300 à 400 places. Ce fonds était au départ alimenté par les cotisations des membres de l’Association et par les dons de particuliers.
Mais lorsque le poste de vicaire de l’abbé BOILLAT fut définitivement reconnu par la Römisch-Katholische Gemeinde Basel (R.K.G.) en octobre 1937, ce qui officialisa la Mission catholique-romaine française de Bâle créée le 1er novembre 1935, l’Association confia la gestion du fonds à cette Mission naissante. Celle-ci s’empressa d’annoncer son existence dans le No. 3 de son bulletin paroissial daté de novembre 1937 (le 1er numéro avait paru en septembre 1937) adressé à plus de 1’300 foyers français et francophones de Bâle et environs, à qui il était demandé de soutenir financièrement le projet de chapelle.
La collecte de fonds prit plusieurs formes au cours des ans
- quêtes (en moyenne une par mois) à la sortie des messes dominicales à partir de novembre 1937
- lettres circulaires envoyées à des catholiques résidant en-dehors de la région bâloise, avec appel à leur générosité et leur solidarité
- collecte spéciale à domicile, à partir de septembre 1938, auprès de toutes les familles de Bâle manifestant un certain intérêt pour la Mission. La démarche sera faite avant tout par des dames de la Mission et renouvelée chaque mois
- également à partir de septembre 1938 l’abbé BOILLAT ira prêcher et quêter chaque 2eme et 3eme dimanche du mois dans les paroisses francophones du Jura, Il avait obtenu à cet effet une autorisation écrite de Mgr. l’évêque datée du 1er juillet 1938 qui fut envoyée par circulaire à tous les prêtres du Jura
- loterie de 10’000 billets, tirée le 23 avril 1939, qui rapporta environ Fr. 7’000.-
- vente de cartes postales en été 1939
Le 21 mars 1938 l’abbé BOILLAT était convoqué à l’évêché à Porrentruy où Mgr. Franz von Streng lui donnait oralement la permission de bâtir une chapelle de 250 à 300 places assises avec salle de réunions. Il lui laissait aussi entrevoir un don de Fr. 10’OOO.- à consacrer à ce projet. L’enthousiasme et le dynamisme de l’abbé BOILLAT le poussaient alors à croire en la construction d’une chapelle qu’il désirait dédier à Notre-Dame de Lourdes, dès 1938. Le coût du projet était alors estimé à Fr. 150’000.- (à l’exclusion du prix du terrain).
Cette intense activité permit au fonds de construction de s’étoffer rapidement. Les sommes récoltées furent investies le 1er avril 1938 dans l’achat d’un immeuble avec terrain contigu situé à la Rütlistrasse 2 et 4 (l’immeuble sera très vite revendu). Le terrain d’environ 1’000 m2 revint finalement à Fr. 42’500.- (sans les frais).
Le déclenchement de la 2ème Guerre mondiale gela cette généreuse dynamique. Toute l’énergie des membres de la Mission se tourna alors vers l’aide aux victimes de la guerre, à l’œuvre du soldat français, au financement de la Croix-Rouge, aux enfants français et belges réfugiés à Bâle.
L’action en faveur du fonds de construction ne reprendra qu’en septembre 1944 et deux ans plus tard celui-ci s’élevait déjà à Fr. 100’000.-
La première fête du Muguet en mai 1948 contribua favorablement à l’augmentation du capital ainsi que le grand bazar de charité au Casino en 1950 (Fr. 45000.- de bénéfice).
Où le rêve devient réalité
Les premières démarches concrètes en vue de l’édification d’une chapelle remontent à 1951. Le Comité de la Mission envisageait alors:
- soit de construire sur le terrain lui appartenant à la Rütlistrasse 4
- soit d’acheter la propriété de la Missionsstrasse 2 (maison et terrain d’une superficie totale de 1’400 m2) qui venait d’être mise en vente par son propriétaire Rudolf Honegger pour la somme de Fr. 350’000.-
- soit d’acquérir un immeuble dans le quartier Aeschenplatz / Centralbahnhof ou dans la Leimenstrasse.
Mais tous ces projets, et d’autres, furent assez vite abandonnés pour des raisons techniques ou financières.
Début mars 1952 la Mission recevait une offre d’achat relative à la propriété sise Feierabendstrasse 68, d’une superficie de 1’220 m2 comprenant une maison en bon état et un jardin arborisé suffisamment grand pour recevoir une construction. Une fontaine ornait le jardin.
L’immeuble avait été construit en 1881/2 pour Oscar SCHLUMBERGER à l’usage de sa famille, et que son neveu Émue Adolphe LE GRAND, ingénieur, occupera de 1910 à son décès le 25 décembre 1951. [Oscar SCHLUMBERGER était né à Mulhouse en 1830. De confession protestante, il s’établit d’abord au Havre (France) puis à Bâle, en 1854, dont il deviendra bourgeois le 8 janvier 1883. Marié le 6 septembre 1853 à Anna Maria LE GRAND, une protestante bâloise, II exercera les métiers de négociant en coton et de banquier.
La dynastie LE GRAND remonte à Abraham LEGRAND (en un seul mot), un marchand de draps protestant, originaire de Tournai (Belgique) dont le fils Daniel (1613-1650) s’expatriera à Bâle pour pouvoir continuer de pratiquer sa religion. II deviendra bourgeois de cette ville le 10 octobre 1640. Parmi ses nombreux descendants il en fut un qui laissa son nom dans l’histoire de l’Helvétie. Johann Lucas LEGRAND (1755-1836) fut le dernier bailli de Riehen de 1792 à 1798 et un élément moteur dans la Révolution bâloise. Le 26 décembre 1795 il accueillit et retint dans sa villa les députés français de la Convention prisonniers des Autrichiens, alors en guerre contre la France avec leur alliée la Prusse. Ces otages furent échangés ce jour-là contre Marie-Thérèse de France (Madame Royale), fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette et future duchesse d’Angoulême par son mariage avec Louis Antoine de Bourbon, fils aîné de Charles X. Une fois remise aux représentants du roi de Prusse au portail de Saint-Jean à Bâle, les députés furent libérés. Le 17avril 1798 Johann Lucas LEGRAND était élu au Directoire de la nouvelle République Helvétique (contre le grand favori Peler OCHS). Mais, déçu par les intrigues politiques, il en démissionna le 19 janvier 1799. En 180411 s’exila et transféra sa fabrique de rubans de soie d’Arlesheim à Saint-Morand, près d’Altkirch (Haut-Rhin) puis en 1812 à Fouday, près de Schirmeck (Bas-Rhin). Là lise lia d’amitié avec le pasteur Jean Frédéric OBERLIN du village voisin de Waldersbach dont le ministère recouvrait la région du Ban-de-la-Roche. Il collabora étroitement avec lui à des œuvres philanthropiques ainsi qu’à l’éducation des enfants.
Émue Adolphe LE GRAND fut inhumé dans la propriété familiale du château de Thunstetten (8E) que son père Emile LE GRAND avait acquise vers 1890. Le château de Thunstetten est une magnifique maison de maître entourée d’un grand parc surplombant la plaine alentours. Il avait été bâti en 1715 par Hieronymus von Erlach (1667- 1748) et passa en mains privées en 1746. Parmi les propriétaires successifs citons Louis comte de Pourtalès (1773-1848) qui fut président du Conseil d’État de Neuchâtel, l’un des nombreux descendants de la richissime famille des Pourtalès, qui essaimèrent dans toute l’Europe et l’Amérique.]
N’ayant pas de descendance, car resté célibataire, Emile Adolphe LE GRAND décida de mettre sa propriété en vente et en fixa le prix par testament à Fr. 250’000.-
Ayant eu vent de cette opportunité au début du mois de mars 1952, le Comité de la Mission se réunit alors en toute hâte le 17 de ce mois et décida de donner immédiatement suite à cette offre, d’autres repreneurs étant sur les rangs. La Mission emporta l’affaire. Le financement de l’achat se ferait au travers de la vente du terrain de la Rütlistrasse 4 dont on espérait tirer au moins Fr. 125’000.- et par un prélèvement de Fr. 125’000 sur le fonds de construction en dépôt au Kirchenbauverein à Soleure.
Le 1er avril 1952 les contrats d’achat et de vente étaient signés dans l’étude de M° von Planta, notaire à Bâle chargé de la liquidation Le Grand.
Si le comité osa s’engager si rapidement dans cette aventure financière, c’est qu’il était assuré de la bienveillance de l’Évêché et de la Römisch-Katholische Gemeinde Basel (R.K.G.) qui avaient au préalable donné leur accord de principe au projet de construction et qui regardaient avec beaucoup de sympathie les efforts de cette communauté catholique francophone, bien que, juridiquement, elle ne fût pas encore membre de la R.K.G.
L’intérieur de la maison fut remis en état de juillet à fin octobre 1952 et la cure s’y installa en novembre.
En avril 1953 l’immeuble de la Leonhardsstrasse 27, acquis le 31 juillet1948 par la Mission pour Fr. 115’000.-, fut revendu à perte Fr. 125000.-, tous les investissements qui y avaient été consentis n’ayant pu être récupérés.
Le projet de construction entrant dans sa phase de réalisation, il fut décidé de créer à partir du second semestre 1953 une “Commission de bâtisse” présidée par Pierre MONTEL, ainsi qu’une “Commission des finances”. La chapelle sera limitée à 300 places et le projet confié à l’architecte Guerino BELUSSI (bureau d’architectes G. Belussi & R. Tschudin à Bâle).
L’assemblée générale de la Mission du 2 juin 1954 accepta le projet de chapelle soumis par l’architecte et approuvé préalablement par la Commission de bâtisse le 19 mai, mais différa la construction de la salle paroissiale, prévue en sous-sol de la chapelle, pour raisons de coûts.
Ces décisions seront officiellement communiquées à l’architecte le 5 juin 1954. Le permis de construire fut délivré le 16 juillet.
Dans sa séance du 26janvier 1955 le Comité prit acte de l’offre de la R.K.G. relative au financement du projet, dont le devis (hors aménagements intérieurs de la chapelle) s’élevait à Fr. 395’000.- La Mission engagerait les travaux à hauteur des Fr. 240’000.- du fonds de construction, la R.K.G. prenant le relais pour le complément. En contrepartie la R.K.G. gérerait le fonds pour le compte de la Mission. Elle obtiendrait aussi une procuration sur les dépôts de la Mission au Kirchenbauverein à Soleure et aux Missions Intérieures à Zoug. Un projet de convention entre la R.K.G. et la Mission fut élaboré en ce sens pour soumission au Conseil directeur de la R.K.G. (Vorsteherschaft), qui l’approuva le 12mars1955, comme le fera l’assemblée générale de la Mission le 23 mai suivant.
Sur proposition de l’abbé HAAS le Comité décida le 14 mars 1955 de dédier la chapelle au Sacré-Cœur de Jésus.
[L’idée initiale, que déjà l’abbé BOILLAT avait formulée, était de consacrer la chapelle à Notre-Dame de Lourdes. Mais cette proposition ne put être retenue, l’église Sainte-Marie toute proche étant déjà dédiée à la Vierge, ce qui aurait été contraire à l’usage]
Ce même soir fut créé un fonds spécial de sacristie pour l’achat d’ornements, de vases sacrés... .alimenté par les quêtes à la sortie des messes dominicales un dimanche sur deux. La première eut lieu le 17 avril1955.
[Par testament Mme Anne-Lutgarda SCHWEIZER-SUAREZ, décédée à Bâle le 16juillet 1955, légua à la Mission Fr. 10’OOO. - Cette somme devait être utilisée pour la commande d’un ornement sacerdotal complet tissé main or et soie.
D’origine argentine, Anne-Lutgarda SUAREZ avait épousé le gynécologue bâlois Paul SCHWEIZER qui exerçait à la clinique privée “Sonnenrain” sous les ordres du Professeur Dr. WENNER.
De 1956 à 1960 la Mission fera dire chaque année une messe à la mémoire de sa bienfaitrice en la chapelle du Sacré-Cœur.
Le 11 décembre 1955 une personne anonyme offrait à la Mission une superbe chasuble violette.
Le 29 janvier 1956 l’abbé HAAS organisait une exposition des objets déjà reçus pour la sacristie.
Le 20 mai 1956, jour de Pentecôte, un don anonyme de Fr. 600.- était reçu pour la sacristie.]
Vers le 25 mars 1955 l’Évêché autorisa le début des travaux de construction de la chapelle. Les arbres du jardin furent abattus dès le mois d’avril et la fontaine qui s’y trouvait vendue à la famille SCHMID, Feierabendstrasse 59.
Pour réunir les quelque Fr. 170’000.- encore manquants, la quête à la sortie des messes dominicales fut versée, en alternance, au fonds de construction et à celui de la sacristie.
Les paroissiens surent aussi se montrer généreux envers les quêteurs qui venaient leur vendre des briques symboliques pour la chapelle.
La solidarité entre paroisses francophones joua également, surtout à l’initiative du Père BRECHET, vicaire de la Mission depuis le 1er février 1955, qui alla porter la Bonne Parole dans de nombreuses églises jurassiennes et collecter des fonds.
Des dons de particuliers et d’entreprises vinrent aussi gonfler rapidement le fonds de construction. Citons, entre autres
- l’œuvre diocésaine des Églises Fr. 2’500.-
- les Missions Intérieures Fr. 2’000.-
- la paroisse de Delémont Fr. 1’560.-
- Mgr. Franz von Streng Fr. 3’000.-
- Mgr. Eugène Beaupin, Ernest Grivet (directeur à Bâle de Pirelli), Aristide Frésard-Vermeille, Eugène Girard, Adèle Trabert
Le premier coup de pioche pour l’édification de la chapelle fut donné le samedi 30 avril 1955 et la commande du projet officiellement confirmée à l’architecte Guerino BELUSSI le 3 juin suivant. Le 2 juillet 1955 fut posée la première pierre à l’angle sud-est, vers le soleil levant, un monolithe sculpté par le Bâlois Michael GROSSERT et représentant l’Agneau Divin. La cérémonie fut présidée par Mgr. von Streng.La fin du gros-œuvre de la chapelle fut fêtée par un dîner au Bachlettenstübli le 12 octobre suivant.
Enfin le samedi 10 mars 1956 la chapelle du Sacré-Cœur fut bénie et ses autels consacrés par Son Excellence Mgr. Dr. Franz von Streng.
La Mission devenait ainsi la première communauté francophone de Suisse alémanique à posséder sa propre église.
À partir de 1957 toutes les quêtes de l’offertoire furent intégralement versées à la R.K.G. (bien que la Mission ne fût toujours pas membre de cet organisme) en contrepartie de son soutien financier au projet de construction.
Du 6 octobre 1957 au 20 décembre 1958 la Mission mit sa chapelle à la disposition des fidèles de Sainte-Marie lorsque leur propre église dut être fermée pour cause de rénovation intérieure.
Aménagement intérieur de la chapelle
En février 1958 le chauffage de la chapelle fut enfin installé.
Fin 1963 les dettes relatives à la construction n’étaient toujours pas entièrement apurées. C’est alors que le legs de Fr. 50’000.- fait par le Dr. Georges CONTENAU au fonds de construction vint à point pour soulager la trésorerie de la Mission (il légua la même somme aux œuvres de bienfaisance de la Mission).
[Le Dr. Contenau était un médecin français, célibataire, décédé à Paris le 22 mars 1964 mais ayant fait carrière à Bâle à partir de 1948. Il fut très lié avec l’abbé HAAS.]
À l’occasion de la pose de la première pierre en 1955, la Mission reçut d’un généreux donateur anonyme la somme de Fr. 25’000.- par l’intermédiaire de son ancien aumônier, l’abbé BOILLAT (sa lettre à la Mission du 14 décembre 1954). Selon la volonté du donateur cet argent devait servir à l’ornementation de la chapelle. Elle sera employée à financer une partie du chœur (autel et plancher en granit du Tessin gris-foncé et gris-clair, l’ambon, les bénitiers).
Le 20 mai 1956, jour de Pentecôte, la Mission reçut un don anonyme de Fr. 5’000.- pour participation au coût de la statue du Christ. Ce bronze, dont le devis s’élevait à Fr. 25’000.-, fut exécuté par l’artiste Georges SCHNEIDER (1919), natif de Saint-Imier (BE), établi à Paris depuis 1946.
L’œuvre sera mise en place sur le mur d’abside début avril 1957 et dévoilée le samedi de la Passion 6 avril. Elle déclencha les passions, il y eut beaucoup de controverses et quelques oppositions radicales.
Le Chemin de Croix devait être incorporé dans le mur de claustras. Pour son financement la Direction des Relations Culturelles au Ministère des Affaires Etrangères de France avait fait en 1957 un don de FF 200’000.- (anciens francs) par l’intermédiaire de M. l’abbé RAMONDOT, de Paris, président des Amitiés Françaises à l’Etranger et directeur de l’Aumônerie des Français à l’Étranger (successeur de Mgr. Eugène Beaupin ; l’Association Jeanne d’Arc n’était sans doute pas étrangère à l’octroi de ce don).
Les trois vitraux de la nef latérale furent réalisés par Mile Françoise HAAS, artiste de Sierentz (Haut-Rhin) et nièce de M. Georges Kapfer, président de la Société de Bienfaisance et secrétaire / trésorier de l’Association Jeanne d’Arc. C’est aussi elle qui sculpta les personnages de la crèche.
Le tabernacle est l’œuvre de Hugo IMFELD, de Zumikon (ZH).
Quant à l’orgue actuel il ne fut inauguré que le dimanche 8 octobre 1967.
De mars 1956 à avril 1959 on se servit d’un orgue loué à la maison Kuhn, que le facteur d’orgue vint alors reprendre. Il fut remplacé par un petit orgue allemand Walker, loué à bas prix à la maison Ditzler, qui restera en place jusqu’au 9 juillet 1967.
Entre-temps une commission d’orgue composée de MM. Maurice ROUILLER, Jacques CHATTON, René PAUCHARD et Paul GINDRE s’était mise au travail pour sélectionner l’orgue définitif. La Manufacture d’orgues E. Armani & J.F. Mingot de Lausanne fut retenue pour l’exécution du buffet d’orgue qu’avait conçu Ernest VOGT, architecte ensemblier de Freudwil (ZH), et son installation à la tribune de la chapelle. Le coût de l’ensemble s’éleva à Fr. 85’585.-
Du 3 au 5 mai 1968 la Mission organisa la deuxième fête du Muguet, dont le bénéfice de Fr. 61’586.- fut affecté au fonds de construction de l’orgue et à celui de la future salle paroissiale. Les travaux de cette dernière démarrèrent en 1976 pour se terminer en 1977 avec son inauguration le 23 octobre.
La rénovation de la chapelle eut lieu en 1985 et les travaux terminés à temps pour célébrer dignement fin octobre 1985 le cinquantenaire de la fondation de la Paroisse du Sacré-Cœur.
Pour obtenir une meilleure isolation de l’église les claustras furent remplacés par des murs pleins en briques de la même teinte ocre que celles du mur d’abside et par un vitrail à hauteur du chœur. Conçu par l’artiste fribourgeois YOKI et représentant le Buisson Ardent symbole du Sacré-Cœur de Jésus, il fut exécuté par le maître-verrier Michel ELTSCHINGER.
Ce tandem réalisa aussi le vitrail derrière la tribune en remplacement de la verrière initiale en verre blanc, apportant ainsi une lumière douce dans cet espace réservé au chœur de chant.
Quant au projet de remplacement de l’autel, il déclencha une vive polémique qui se termina par un référendum et finalement par son rejet.
Quand on sait la peine immense que se donnèrent nos prédécesseurs pour collecter les fonds nécessaires à la réalisation de la chapelle du Sacré-Cœur, de sa décoration intérieure, l’enthousiasme qu’ils y mirent et la fierté qu’ils en récoltèrent avec son inauguration, on peut comprendre qu’ils ne pouvaient accepter une transformation aussi radicale. Avec le recul du temps on peut penser que leur réaction fut sans doute justifiée.